Campagne pour la Libération des Espaces.
Fondements éthiques de notre agir politique

La CLE, ça remonte à l’occupation de la Place de Jaude en septembre 2013. A l’époque, 350 personnes sans papiers avaient été jetées à la rue par le 115. Elles s’étaient alors installées sur la place principale de Clermont-Ferrand, avec le soutien d’assos citoyennes, de syndicat et d’invidu-e-s. Au bout de neuf jours, ce campement qui avait survécu à une rentrée des classes, la chaleur puis la pluie, un incendie volontaire, la trahison des associations caritatives et la monopolisation du pouvoir par des chef-fe-s autoproclamé-e-s, était démantelé par la CGT et ses derniers-ères occupant-e-s expulsé-e-s par les CRS.

Suite à ça, nous nous sommes retrouvé-e-s à quelques un-e-s autour du refus de la cogestion de la misère avec la préfecture et une critique sans concession des nations et des frontières. Dans un premier temps, nous avons continué un travail de terrain avec des personnes en situation d’étrangisme1. Puis, « avec » ou « sans » (travail salarié, papiers, logement…) mais avec le même désir de reprendre nos vi(ll)es en main, nous avons lancé la campagne et ouvert notre premier lieu. Voici en quelques lignes les fondements éthiques de notre agir politique.

AUTONOMIE S’émanciper de toute autorité

Auto-organisation : Les individu-e-s qui animent la CLÉ décident par et pour elleux-mêmes de leurs orientations, de leurs actions et de leur mode de fonctionnement. Par exemple, chaque semaine les habitant-e-s, activistes, curieux-ses se réunissent. Cette assemblée est anti-hiérarchique. Ce n’est pas un espace de promotion pour les partis, syndicats, groupements permanents ou autres associations qui voudraient s’y faire bien voir. Il n’existe pas d’autres espaces pour prendre des décisions collectives.
Auto-suffisance : Rassembler par nous-mêmes les moyens nécessaires pour répondre à nos besoins quotidien. Concrètement, c’est la récupération de nourriture, le jardin, le magasin gratuit, la construction de meubles, la librairie ouverte, l’infokiosque, la fabrication de produits en tout genre…
Auto-média : La CLÉ ne s’exprime que par les médias qu’elle a créé ou à qui elle choisit de faire confiance. Par exemple : site internet (cle.squat.net), actions dans la rue, médias libres…

ENTRAIDE Solidarité en acte

Lorsque l’État s’attaque à l’un-e d’entre nous, Il s’attaque à tout-e-s. C’est donc ensemble que nous devons résister et créer. Exemple : moment d’entraide et d’échange juridique et administratif2, marché gratuit, atelier de transmission, implication dans d’autres luttes.

ACTION DIRECTE On ne demande pas, on prend !

Il s’agit de se donner les moyens de nos idées, d’agir ce que l’on dit. Il ne suffit pas de critiquer l’État et le capitalisme, il faut œuvrer quotidiennement à sa disparition. La réquisition n’est pas seulement un moyen de se mettre un toit sur la tête, c’est aussi une manière de se réapproprier nos vi(ll)es et de trouver des complices pour lutter.

Notre rage destructrice et notre joie créatrice se dirigent avant tout contre l’État et ses différentes manifestations : le colonialisme, les frontières, les papiers, le fichage, l’exclusion, l’enfermement, la gentrification3, la propriété privée, les dominations capitaliste, religieuse, patriarcale et sexiste, le citoyennisme…

Notre lutte est aussi contre nous-mêmes et notre conditionnement.
Avec rage et joie pour apprendre, expérimenter, s’organiser et construire.