السبت, 21 مايو
Démontage judiciaire : les procès staliniens
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Saboter la machine judiciaire implique de comprendre comment fonctionnent ses rouages quand elle s’exerce, comment elle peaufine ses engrenages pour mieux nous broyer. Alors il nous a semblé pertinent de proposer des occasions de pratiquer ensemble des démontages, en se donnant le loisir d’accorder collectivement toute notre attention à des déconstructions aussi méticuleuses que possible d’affaires judiciaires précises, passées ou actuelles, pour mieux se préparer à affronter la justice et la répression quand nous nous retrouvons contraints de le faire.
Nous nous intéresserons aux procès staliniens, en nous attardant particulièrement les procès de Moscou entre 1936 et 1938, dans lesquels l’étonnante redondance et ressemblance entre tous les procès – à chaque fois fondés sur des accusations historiques aberrantes, sur des silences et des mystères complets quant à la procédure, et sur une étrange fusion entre l’accusé et l’accusateur invite à réfléchir à la mise en scène d’une procédure judiciaire dans son ensemble, c’est-à-dire au rôle politique et historique de ces procès dans un Etat totalitaire basé sur le mensonge d’être la continuation de la révolution de 1917. Comment est-ce qu’un Etat avec des moyens répressifs gigantesques fabrique-t-il de bout en bout des « vérités
judiciaires » retransmises internationalement à tous les Partis communistes à l’Est comme à l’Ouest qui anonnent à leurs tours les conclusions du tribunal devenant des « vérités historiques » – à la manière de l’éternel torchon L’ Humanité qui, jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’en 1953 avec l’ultime procès stalinien, s’attache en première page à la redite des sentences les plus illogiques ? Nous nous pencherons sur les écrits de ces premiers contemporains « démonteurs judiciaires » que furent Boris Souvarine et Victor Serge, et nous proposerons de chercher à comprendre comment est-ce que ce dernier est parvenu à obtenir sa libération après plusieurs années de déportation en kolkhoze faisant suite à son arrestation par la police politique qu’il relate dans ses Mémoires. La stratégie de refus total de collaborer qu’il a adoptée durant les interrogatoires subis en détention (en isolement complet durant 80 jours) nous semble propice à saisir les rouages staliniens de la Terreur, en amont de l’organisation des grands procès politiques qui souvent jouaient le rôle de « procès écran » pour détourner l’attention de la répression permanente – celle-là même qui aura conduit, la plupart du temps sans procédure judiciaire, aura conduit des milliers de personnes aux goulags, en déportations ou directement vers l’exécution. L’actuelle répression en Russie n’est évidemment pas sans lien avec l’héritage de l’Etat soviétique, emparons-nous de ce sujet pour mieux analyser, critiquer et combattre la justice, du totalitarisme à la démocratie.
التاريخ والوقت:
النوع:
- مناقشة/محاضرة